L’Abissa

Cette grande fête traditionnelle, entièrement orchestrée par le peuple N’Zima, a pour objectif originel de représenter les concepts de la démocratie et de la justice sociale. Cependant, au-delà de son caractère sacré, l’Abissa est devenue aujourd’hui un événement populaire et
elle est l’occasion pour les Ivoiriens, aussi bien que pour les touristes venus pour l’occasion, de se retrouver et de célébrer l’union des peuples. Au rythme des tambours et de la bonne humeur, on assiste ainsi à un véritable festival réparti sur plusieurs jours : danses sacrées
accompagnées par les tambours, chants collectifs, défilés de groupes aux tenues excentriques et parodies de scènes de la vie publique sont là pour animer les rues de Grand-Bassam en l’honneur de la fête.
Certes, l’Abissa est un grand événement festif aujourd’hui popularisé et ouvert à tous, mais c’est avant tout une cérémonie spirituelle prise très au sérieux par les N’Zima, une occasion pour eux de se réunir autour de leur chef pour faire le bilan de l’année écoulée, faire des
voeux pour l’année à venir et éventuellement dénoncer/confesser les injustices commises dans le cadre d’une demande de pardon aux siens et d’un repentir…
Deux étapes cruciales cachées du grand public
L’une des deux étapes cruciales de l’Abissa est la cérémonie du jet de pierres à la mer à laquelle seuls les membres de la communauté N’Zima ont le droit de participer. Lors de cette cérémonie,des voeux sont formulés au regard de la nouvelle année qui s’annonce : rencontrer
l’amour de sa vie, gagner plus d’argent, avoir un enfant… Toutes sortes de voeux peuvent être formulés mais, selon la tradition, “ils seront exhaussés uniquement s’ils sont sincères et formulés dans un esprit de partage et de don de soi” d’après Dr. Lazare Amon, enseignant et
spécialiste de la culture N’Zima
La deuxième étape cruciale de l’Abissa consiste en l’expression la plus achevée de la démocratie chez les N’Zima, c’est la cérémonie de vérité. Les sept famille qui composent le peuple N’Zima, à l’image des septs castes d’Egypte dont ce peuple se dit descendant, se divisent en
deux groupes : d’un côté les femmes et de l’autre les hommes. L’enjeu de cette démarche ? Se livrer à un jeu d’autocritique et de critiques de l’autre afin d’aboutir à une catharsis collective. Dans un esprit de respect de l’autre où personne n’est cité pour éviter l’humiliation,
toutes les personnes visées par les critiques – y compris le roi – ont le devoir de les accepter et de les intégrer afin de tenter d’y remédier durant l’année qui s’annonce.
Pour avoir la chance d’assister à cette grande fête traditionnelle de réjouissances qui s’étale chaque année sur une à deux semaines, cap sur Grand-Bassam – ancienne capitale de Côte d’Ivoire et classée au patrimoine de l’UNESCO depuis 2012 – entre fin octobre et début
novembre (dates sous réserves).

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